Les armées du Chili, du Mexique, du Salvador, du Pérou et de Colombie ont subi un gigantesque piratage informatique


Des soldats de l’armée mexicaine montent la garde sur le site où quatre policiers et huit membres présumés du crime organisé ont été tués, et six autres blessés, lors d’un affrontement à El Salto, dans l’État de Jalisco, au Mexique, le 23 juin 2022.

Des millions d’e-mails, des informations confidentielles détaillant des opérations militaires, des contrats… Les armées de cinq pays latino-américains ont été la cible d’un gigantesque piratage de leurs systèmes informatiques ces dernières semaines. Au total, 10 térabits de données, certaines ultrasensibles, ont été hackées au Chili, au Mexique, au Salvador, au Pérou et en Colombie par un groupe de cyberactivistes,  Guacamaya, et remises à des journalistes qui ont commencé à en révéler le contenu.

Le Mexique a été le pays le plus touché par ce piratage, le plus important de son histoire. Le ministère de la défense s’est fait dérober 6 térabits, soit plus de quatre millions d’e-mails, vidéos et autres rapports stratégiques, datant de janvier 2016 à septembre 2022. Ces informations confidentielles mettent à nu l’armée en pleine militarisation du pays.

L’exfiltration de données a été rendue publique jeudi 29 septembre par le journaliste Carlos Loret de Mola, sur le site d’actualité Latinus. Entre autres révélations, celle de la santé fragile du président, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), qui a été victime début janvier d’une « angine instable à haut risque », pouvant provoquer une crise cardiaque. A l’époque, le gouvernement avait assuré que le cathétérisme auquel il avait dû se soumettre avait été décidé après un examen de routine, alors que le piratage révèle qu’il s’était agi d’une urgence nécessitant un rapatriement aérien du président depuis l’Etat du Chiapas (sud) vers Mexico. AMLO a reconnu vendredi être « malade » et a confirmé la véracité du vol de données, dû, selon lui, à « un changement de système informatique au sein de l’armée ». Il a néanmoins minimisé son impact, assurant que son gouvernement « n’a rien à cacher ».

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Mais les centaines de milliers de données, dont certaines portent la mention « confidentiel », détaillent notamment des opérations militaires contre les cartels de la drogue. En tête, la tentative ratée d’arrestation, le 17 octobre 2019 à Culiacan (nord-ouest), d’Ovidio Guzman, fils du célèbre chef du cartel de Sinaloa, Joaquin « El Chapo » Guzman, condamné à la prison à vie aux Etats-Unis. Les documents révèlent que durant l’opération, « un gradé et dix soldats ont été blessés ».

Mouvement « hacktiviste »

Des informations sur les principaux narcotrafiquants mexicains circulent désormais au sein des rédactions. Des documents détaillent même la répartition des troupes sur le territoire pour lutter contre les cartels, qui ont fait plus de 350 000 morts en seize ans. L’hebdomadaire d’investigation Proceso a aussi identifié des missives du ministre de la défense, Luis Cresencio Sandoval, montrant que celui-ci a tenté de minimiser le rôle des militaires dans la disparition des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Quant au quotidien espagnol El Pais, il a publié une série de plaintes internes, restées lettres mortes, visant des violences sexuelles au sein de l’armée.

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